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Société

La population du Maroc est d’environ 35 millions d’habitants. Elle a triplé ces 50 dernières années et son taux d’urbanisation est actuellement de 60%. Malgré les efforts mis en place ces 18 dernières années pour renforcer l’économie du pays et permettre à la société marocaine de développer les attraits de la démocratie, cette dernière reste confrontée à de multiples défis, allant des inégalités socio-économiques aux violations dont font l’objet les libertés individuelles et publiques. Il est estimé que le revenu des 10% les plus riches de la société correspond à environ 12,7 fois celui des 10% les plus pauvres.

Par essence, la société marocaine est riche et diverse. Durant des siècles, de multiples cultures s’y sont développées. Ainsi, aujourd’hui, 30% de la population parle l’arabe et le français, alors que 17,3% seulement l’arabe. Parmi eux, 90% parlent darija – l’arabe marocain – et un sur trois l’une des langues berbères

Pendant les décennies qui ont suivi l’indépendance de la France en 1956, le Maroc a fait de l’Islam et de la monarchie le creuset de son identité. Aujourd’hui, la population est en majorité musulmane. En terme de gouvernance, le manque de stratégie pour la société sur le long terme s’illustre par plusieurs phénomènes. D’abord, celui d’un Etat qui est allé jusqu’à changer sa position à de nombreuses reprises quant à la langue officielle à employer dans les écoles publiques. Ensuite, celui de la discrimination de la population berbère et de ses langues, celui d’un processus de régionalisation qui semble bien loin d’être atteint, et enfin, l’apparition d’une élite qui s’identifie davantage à la culture occidentale. Ces phénomènes ont comme conséquence directe la perte de confiance des Marocains en leurs institutions, une tendance globale actuellement

Une société très divisée

Plusieurs Maroc co-existent, même si le pays garde l’autoritarisme au cœur de son système politique.  D’abord, un Maroc rural et enclavé dans lequel les règles et la logique de gouvernance est restée inchangée pendant des siècles et dans lequel l’Etat est souvent absent, si ce n’est celui d’observateur sécuritaire et de mise à disposition d’infrastructures et de services publics de  base. Ensuite, le Maroc des petites et moyennes villes : assez marginalisé, dans lequel les pouvoirs locaux et nationaux n’ont pas réussi à mettre en valeur les infrastructures et le bien-être de leurs habitants. Enfin, le Maroc des grandes villes, où l’urbanisation est entourée par la paupérisation alors que l’élite économique jouit des avantages de la vie urbaine et d’un statu quo globalement accepté.

Dans ce contexte où les institutions modernes cohabitent dans certaines régions avec des structures de contrôle social et politique plus traditionnelles, le concept de bien commun est presque inexistant et le consensus ne peut s’instaurer pour traiter de problèmes sociaux plus vastes tels que l’égalité des genres, la place de l’école publique, les valeurs communes ou le rôle de la religion.

 

2011: le Printemps n’a pas eu lieu

Dans ce contexte de division sociale, la ferveur révolutionnaire qui a gagné le monde arabe en 2011 n’a pas réellement atteint le Maroc. Si certains tabous ont été brisés, les réformes menées par la suite ont été cosmétiques et seuls 51% des Marocains les ont perçues comme positives pour le pays.

Malgré cette situation sociale et le déclin des pratiques démocratiques dans le pays, le Maroc reste l’un des pays les plus démocratiques du monde arabe.





Sources

Idrissi Zouggari N., in TelQuel (2017). "Un Marocain sur deux a une mauvaise image de la scène politique". Consulté le 13 octobre 2017.

Lewis A., in BBC (2016). "Why has Morocco’s king survived the Arab Spring?". Consulté le 13 octobre 2017.

The Palestinian Center for Policy and Survey Research (2016). Arab Democracy Index 5. Consulté le 13 octobre 2017.

Ennaji M., Springer (2005). Multilinguism, Cultural Identity and Education in Morocco

Hibou B., et Tozy M. in Critique internationale n°14 (2002). De la friture sur la ligne des réformes. La libéralisation des télécommunications au Maroc.  

Hammoudi A. (1997). Master and Disciple: The Cultural Foundations of Moroccan Authoritarianism. Chicago: University of Chicago Press. 

Jaidi L. (nd). Social and Economic change in Morocco. European Institute of the Mediterranean. Consulté le 13 octobre 2017.

Métadonnées

Les chiffres concernant la religion et les langues proviennent du Haut Commissariat au Plan, cités dans  le rapport « Mapping Digital Media: Morocco » (2011).

Les chiffres concernant la perception de la situation politique et économiques, ainsi que le Printemps arabe proviennent du rapport « 2016 Arab Opinion Index ».

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